Algues vertes : Silence, on tue – Tribune de l’UDB Jeunes

Publié le 11 juillet 2025 à 15:45

Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de France. Une odeur d’œuf périmé, qui s’échappe des amas d’algues vertes en décomposition sur les plages bretonnes. Sans remonter jusqu’aux narines des préfets, des lobbys productivistes et des scientifiques corrompus, bien au sec dans leurs bureaux. Le crime est parfait, le lien de cause à effet entre nitrates de l’agriculture intensive et algues vertes – établi par l’Ifremer depuis 1988 – soigneusement remisé au fond d’un tiroir parisien.

En Bretagne, les algues vertes tuent pendant que l’État se tait.

Les marées vertes ont emporté Jacques Thérin alors qu’il avait 26 ans. C’était en juin 1989 à Saint-Michel-en-Grève. Nous, jeunes Bretons, n’étions pas encore nés que déjà on laissait, non les agriculteurs, mais bien un modèle agricole, prendre tous les droits – y compris de vie et de mort.

Les marées vertes ont emporté Thierry Morfoisse à l’âge de 48 ans. C’était un jour de juillet 2009, à Binic. Nous l’avons appris à la sortie de l’école, à la cantine du collège ou au détour d’une conversation d’adultes, sans tout comprendre. Plus tard, nous avons entendu nos parents parler à voix basse de ce cheval, de ces chiens, de ces 36 sangliers retrouvés asphyxiés dans l’estuaire du Gouessant en 2011. Nous avons commencé à comprendre.

Et puis les marées vertes ont emporté Jean-René Auffray, 50 ans. C’était en septembre 2016, à Hillion, et cette fois nous avons été en colère. Furieux de ne pas pouvoir respirer librement sur nos côtes souillées. Consternés de voir, une fois de plus, le secret d’État étouffer la vérité, malgré les alertes de nombreux citoyens, comme pour Bétharram ou le Bugaled Breizh aujourd’hui. Dégoûtés par la lâcheté de nos dirigeants, et ce malgré plusieurs condamnations de l’État par l’Union Européenne et la justice française.

Nous ne pouvons que nous réjouir de voir le 24 juin dernier la cour d’appel de Nantes condamner l’État français pour sa responsabilité dans le drame de 2016 – une première historique. Mais le chemin est encore long. Cet été, des plages seront à nouveau fermées. Le taux de nitrates dans les rivières bretonnes stagne, les engrais se vendent comme des petits pains et les élevages continuent de s’agrandir.

Combien de morts faudra-t-il ?

Jeunes Bretons de l’UDB, nous ne nous contenterons pas de discrets panneaux d’avertissement à l’entrée de plages silencieuses. Nous ne nous contenterons pas de classements sans suite. Nous ne laisserons pas l’État français pourrir notre avenir.

Nous ne nous baignerons pas à l’ombre d’autres croix.

UDB Yaouank

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