Régionaliser la PAC et assurer l'autonomie alimentaire de l'Europe ainsi que des territoires pour sortir de la crise agricole

Les récentes manifestations des agriculteurs ont jeté une lumière crue sur une crise qui ne cesse de s'aggraver, déclenchant des réactions politiques de tous horizons. Dans ce contexte, l'Europe devient malheureusement la cible facile de critiques généralisées, exacerbant les tensions au sein de la société. Les eurosceptiques voient dans cette situation une opportunité pour consolider leurs positions, tandis que le gouvernement cherche à se dégager de ses responsabilités.

 

Il est impératif de rappeler que l'extrême droite, la droite traditionnelle et le parti de la majorité présidentielle ont tous voté cette Politique Agricole Commune (PAC). De manière récente, cette même majorité présidentielle a également avalisé des accords de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande. De surcroît, pas plus tard que hier, une coalition allant de l'extrême droite à  Renew au parlement a approuvé l’utilisation libre des nouveaux OGM, les NTG, renforçant ainsi la mainmise des multinationales sur l'industrie agroalimentaire au détriment de l’économie locale, des paysans et paysannes.

Face à ce tableau alarmant, Régions et Peuples Solidaires souhaite souligner les points suivants en faveur d'une transformation immédiate de la politique agricole européenne :

 

  • Reconnaissance des Acteurs Agricoles et Promotion de l'Autonomie Alimentaire : La PAC doit cesser de rémunérer en fonction de la taille des exploitations et du bétail, privilégiant plutôt la valorisation des agriculteurs en tant qu'actifs. Il est impératif de souligner que l'autonomie alimentaire de l'Union Européenne et de ses territoires ne peut passer que par une conversion vers la poly agriculture et la création de nombreuses fermes. Or, la PAC actuelle favorise l'agrandissement des exploitations existantes, perpétuant ainsi un modèle peu compatible avec la diversification nécessaire. Ce n’est pas un hasard si aujourd’hui les 2 tiers des terres reviennent à l’agrandissement de fermes existantes plutôt qu’a la création de nouvelles fermes pourtant nécessaires.
  • Régionalisation Pertinente en Réponse à des Réalités Variées : Régions et Peuples Solidaires plaide pour une régionalisation du second pilier de la PAC, en prenant en compte les problématiques spécifiques de différentes régions françaises. Par exemple, en Provence, le défi majeur réside dans le foncier et l'achat de terres agricoles, tandis qu'en Bretagne, la surproduction par rapport à la population pose des enjeux particuliers et en Corse, l'importation de la plupart des produits agricoles soulève d’autres interrogations. La centralisation des décisions au ministère de l'agriculture a montré ses limites, il est temps de conférer aux régions la compétence d'ajuster leurs stratégies en fonction de leurs besoins.
  • Protection de notre Souveraineté Alimentaire : Les accords de libre-échange doivent être abordés avec prudence, car la nourriture ne peut être considérée comme une simple marchandise. Elle n’est pas un bien ordinaire, mais répond un besoin vital qui a façonné nos régions, notre paysage, notre histoire et nos spécificités. La Fédération demande l'introduction d'une exception alimentaire dans les accords en cours et plaide en faveur de clauses miroir contraignantes imposant des normes environnementales et sociales équivalentes à celle de l’Union Européenne pour les produits importés. En attendant ces prérequis minimum les négociations avec le Chili et Mercosur doivent être stoppées.

Affirmer que nous avons besoin de moins d'Europe est une simplification réductrice. La France, en tant que première bénéficiaire de la PAC, reçoit 9 milliards d'euros. Cependant, la politique agricole européenne doit se métamorphoser en une approche plus durable, centrée sur les hommes, les femmes et les territoires, garantissant ainsi notre autonomie alimentaire. L'Union Européenne doit aller au-delà du prisme économique, elle doit franchir une nouvelle étape de sa construction pour garantir à chacun, en particulier aux agriculteurs et agricultrices qui nous nourrissent, un revenu décent. 

 

Régions et Peuples Solidaires exhorte à ces changements significatifs pour assurer l'avenir de notre agriculture et de notre alimentation.

 

Lydie Massard, co-porte-parole de Régions et Peuples Solidaires