L’autonomie, c’est d’abord redonner du souffle à la démocratie

Il y a 18 mois, un vœu en faveur de l’autonomie de la Bretagne réunifiée, porté par le groupe Breizh a-gleiz, dont les élus UDB au Conseil régional de Bretagne sont partie prenante, a été unanimement adopté à l’exception du Rassemblement National (RN). Depuis lors, un groupe transpartisan s’est mis au travail pour concrétiser ce voeu, aboutissant à la présentation hier d’un rapport d’étape à la Première Ministre Élisabeth Borne. L’Union démocratique bretonne (UDB) veut saluer l’audace et l’esprit de responsabilité de tous les groupes politiques qui, en osant dépasser leurs différences partisanes pour servir l’intérêt général, ont permis ce premier aboutissement.

À Aiacciu, le 28 septembre 2023, le Président Emmanuel Macron s’est prononcé en faveur de l’autonomie de la Corse. C’est important et cela fait écho à l’enthousiasme du Président de la Région administrative Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, qui, s’appuyant sur les travaux du groupe transpartisan, a exprimé le même jour à Saint-Malo le souhait que cette opportunité s’offre également à la Bretagne.

 

L’UDB, parti fédéraliste pour l’Europe comme pour la France, donc autonomiste, a toujours porté un engagement ferme en faveur de l’autonomie de la Bretagne réunifiée. Elle se réjouit que soit enfin mise en avant la question des droits des peuples et territoires au sein de la République française.

 

L’autonomie n’est pas un totem, c’est une méthode et un chemin. L’autonomie, en Bretagne comme ailleurs, c’est d’abord une réponse de bon sens au désenchantement démocratique, celle de la proximité. C’est par l’autonomie que les différentes collectivités de Bretagne, depuis la petite commune jusqu’à la Région, pourront demain mener des politiques publiques à la hauteur des attentes de la population. L’autonomie, c’est aussi pour la Bretagne la façon de répondre à trois défis majeurs: continuer à partager et transmettre l’identité originale du peuple breton, une identité ouverte sur le monde; lutter avec efficacité contre le dérèglement climatique et s’adapter à ses conséquences déjà irréversibles; enfin permettre à chacune et chacun de se loger dignement dans une Bretagne où une attractivité économique nouvelle et les effets du changement climatique vont se traduire par un boom démographique d’une ampleur jamais connue par le passé.

Il faut être clair pour ne pas tromper nos concitoyennes et concitoyens. L’autonomie ne peut exister vraiment que si les compétences transférées de l’Etat central vers la Bretagne s’accompagnent de moyens financiers et humains à la hauteur des besoins et du pouvoir de dire la norme, donc d’un pouvoir législatif et réglementaire. L’UDB souhaite que cela fasse l’objet d’un large débat démocratique avec les Bretonnes et les Bretons, un débat accompagné par les collectivités bretonnes, afin que puisse s’engager avec l’Etat la négociation d’un statut d’autonomie qui répondra aux aspirations populaires.

 

L’UDB est fermement convaincue qu’une transformation profonde du système de gouvernance en France est indispensable pour sauvegarder la démocratie. Il est temps de s’orienter vers un système qui promeut le fédéralisme différencié, reconnaissant les spécificités et les aspirations de chaque région et territoire. Et il est temps que l’Etat central concentre ses efforts sur les compétences régaliennes (sécurité, justice) et le financement des mécanismes de solidarité entre régions, qui sont d’ailleurs plus faiblement dotés en France, pourtant soi-disant égalitaire, que dans des pays comme l’Allemagne ou l’Espagne fortement régionalisés. Ensemble, sortons de ce paradoxe français – plus de centralisation pour moins de solidarité – qui érode la confiance de la population dans la démocratie.

 

Pierre-Emmanuel Marais, porte-parole de l’UDB