Etat civil : Stop à la marginalisation des langues régionales

Malgré les avancées de ces dernières années, il reste fort à faire pour que l'usage des langues régionales soit accepté par l'administration.

 

S’appuyant sur une circulaire du Ministère de la Justice du 23 juillet 2014, le service d'état civil de la ville de Mende a en effet refusé, le 15 décembre dernier, d’enregistrer le prénom occitan, Artús, au motif que l’accent aigu sur le "u" n’existait pas en français.

 

Après le tilde sur le " n " de Fañch le breton, ce serait l’accent aigu sur le " u " sur d'Artús l’occitan, qui menacerait l’unité de la France.

Cette décision absurde et ethnocentrée est la conséquence directe de la censure par le Conseil Constitutionnel, en 2021, de plusieurs articles de la loi Molac dont l’article 9 qui prévoyait effectivement l’utilisation des signes diacritiques des langues régionales dans les actes de l’état civil.

 

Invoqué alors par le Conseil Constitutionnel pour censurer la loi Molac, l’article 2 de la constitution qui proclame le français langue de la République reste le principal verrou contre les langues régionales.

 

Il aura fallu 19 mois de combat judiciaire et politique pour que Fañch soit autorisé, par la cour d'appel de Rennes, à être écrit avec un tilde. Faudra-t-il autant de temps pour autoriser un accent aigu pour Artús ? Notre justice comme nos élus ne devraient plus avoir à perdre temps et argent public avec ces batailles d'un autre temps.

 

Régions et Peuples Solidaires (R&PS) invite par conséquent M. Dupont-Moretti à moderniser la circulaire du 23 juillet 2014 en reconnaissant l’utilisation de tous les signes diacritiques utilisés en langues régionales dans les actes de l’état civil.

 

R&PS tient à rappeler que chaque langue possède sa propre graphie et qu’il est par conséquent injuste d’imposer celle du français dans l’écriture des actes de l’état civil en langues régionales. Le français n’a pas à servir de référentiel pour les langues régionales.

 

Artús est un prénom occitan. Le " ú " est reconnu par le Congrès Permanent de la Langue Occitane et figure dans tous les dictionnaires de langue occitane. Le prénom Artús doit donc pouvoir être enregistré avec l’accent aigu sur le " u ".

 

R&PS apporte tout son soutien aux parents du petit Artús dans leur combat pour la reconnaissance du prénom de leur fils.

 

François Alfonsi, président de Régions et Peuples Solidaires