Réponse de l'UDB à la demande du Parti breton d’adhérer à Régions et Peuples solidaires

Comme nous l’imaginions, le Parti breton s’est ému du veto de l’UDB devant sa nouvelle demande d’adhésion à Régions et Peuples solidaires. Se présentant souvent en posture de victime, ce parti a du mal à comprendre les raisons de notre refus et prospère sur la réaction que ce refus génère chez les Bretonnes et les Bretons qui les suivent. Nous souhaitons en quelques lignes expliquer les raisons qui motivent notre veto à leur entrée dans notre fédération.

 

La première raison est le positionnement politique du Parti breton. N’en déplaise à celles et ceux qui pensent qu’être « ni de droite, ni de gauche » est un positionnement, nous estimons comme Morvan Lebesque en 1969 (déjà) que ce non-choix est la preuve d’une immaturité politique : « le na ru na gwenn condamne en réalité le mouvement breton au ghetto. 

Car la défense d’un pays ne suffit pas et chaque époque impose à tout homme un choix politique personnel à partir duquel il entre dans ses structures. Refuser ces structures, c’est se vouer à l’abstraction : on plane au-dessus de la mêlée, mais comme une nuée sans direction ni consistance ». Et encore : « Ni rouge ni blanc ne conduit qu’à l’amateurisme. Et aux activismes romantiques qui ne sont, en vérité, que le sursaut désespéré de l’amateur : il fait du bruit pour faire nombre, il crie parce qu’on ne l’écoute pas ». C’est dire si le sujet est ancien et nous pensions qu’il était réglé depuis longtemps. Le Parti breton s’inscrit dans les pas du MOB, mouvement que 17 jeunes ont quitté en 1964 pour fonder l’UDB. Nous demander de revenir à cette ligne politique, c’est nous demander de nier nos presque 60 ans d’existence. Nous avons choisi la gauche, n’en déplaisent aux nationalistes pour qui « la Bretagne » était une idée qui permettrait le bonheur absolu. Nous trouvons d’ailleurs curieux cette petite musique qui voudrait que « ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise ». Dans ce cas, pourquoi ne pas avoir rejoint l’UDB ? La réponse est évidente : le Parti breton est un parti de droite. Il en a tout à fait le droit et nous avons le droit, nous aussi, de ne pas vouloir des alliances dont la seule base commune serait notre nationalité.

 

Nous sommes internationalistes. Cela veut dire que nous pensons que nos idées politiques dépassent le cadre de la Bretagne. C’est d’ailleurs cela qui fait dire au Parti breton que « l’UDB est plus de gauche que breton ». Difficile d’imaginer pour ce parti que l’on puisse être breton et de gauche. Tout cela pour dire que nous n’avons jamais refusé aux autres partis de Régions et Peuples solidaires (dont certains de droite) de discuter avec le Parti breton. D’ailleurs, certains ne s’en privent pas pour le faire. En revanche, nous refusons que le Parti breton utilise un outil que nous avons contribué à créer pour accéder au financement public (car c’est la seule et unique raison qui pousse ce parti à réclamer une adhésion de plein droit). Être démocrate ne suppose pas de faire la courte échelle à un parti dont nous combattons en partie les idées… D’ailleurs, nous avons la désagréable impression que le Parti breton se comporte une fois encore comme un coucou ! Arrivant après la bataille, utilisant ce que d’autres ont construit ou imaginé tout en faisant croire qu’ils en sont les auteurs ou les dépositaires. Un parti qui, en 20 ans d’existence, a produit très peu d’analyses politiques contrairement à d’autres mouvements ou partis bien plus jeunes. Prenons le statut de résident par exemple : l’idée originale n’est pas de nous, mais nous l’avons adapté, l’avons travaillé pour en faire un de nos thèmes de campagne durant les régionales. Quelques jours plus tard, le Parti breton se l’approprie (et pourquoi pas ?) mais en adoptant une ligne tout à fait autre : la préférence bretonne. Ce faisant, il a pollué notre discours qui, justement, cherchait à éviter ce piège. Selon nous, ce manque de maturité fait du Parti breton l’idiot utile du jacobinisme qui ne manque pas de constater à quel point nous autres partis bretons sommes refermés sur nous-mêmes alors que le discours de l’UDB est basé au contraire sur le droit du sol et le vivre-ensemble. Nous adoptons la carte du combat civique quand le Parti breton joue celle du nationalisme. Une fois encore, c’est son droit, mais nous refusons de nous associer à cette stratégie politique.

 

Depuis des décennies, nous avons ensemble fait des efforts conséquents pour bâtir une base idéologique commune au sein de R&PS. Dans les territoires où plusieurs partis cohabitent, les tensions sont évidentes et le travail parfois difficile, y compris durant les congrès annuels. Nous devrions, pour le confort financier d’un parti dont la principale activité est d’être en opposition avec nous, nous compliquer la tâche ? Nous devrions partager notre droit de vote ? Le Parti breton s’enorgueillit de compter plus de 800 adhérents… mais le montant de ses cotisations déclarés à la CCNFCP en 2018 s’élevait à 3 600 € soit moins de 5 € par adhérent ce qui est très improbable. L’UDB, la même année, déclarait 50 000 € pour 500 adhérents à jour de cotisation. Le mensonge est une pratique qui ne berne que les crédules. Pourquoi devrions-nous diviser par deux nos mandats pour un parti qui en réalité ne fait que sortir du bois au moment des élections ? Les appels du pied récurrent du Parti breton vers l’UDB cachent mal une détestation de notre parti qui « prend la place ». Mais depuis quand la non-réussite du Parti breton est-elle la faute de l’UDB ? Accusons-nous EELV ou le PS de nos faibles scores ?

 

Si la Bretagne est une nation comme les autres, si le peuple breton est un peuple à part entière, alors le Parti breton doit accepter que différents courants politiques le traverse. Nous ne prétendons pas réunir l’ensemble des Bretonnes et des Bretons, mais celles et ceux qui partagent nos analyses. Étant démocrates, nous trouvons positives la diversité politique en Bretagne. À ce titre, nous préférerions voir le Parti breton chercher à attirer la frange de droite de « l’électorat breton » plutôt que de subir en permanence ses attaques. L’UDB ne fait pas de politique pour compter les points, mais pour faire avancer des idées concrètes et améliorer le quotidien des gens qui vivent en Bretagne. Car plus qu’à « la Bretagne », c’est bien au peuple breton que nous pensons, à la société bretonne. Loin de nous les idées romantiques et adolescentes, nous les jugeons non seulement inefficaces mais contre-productives.

 

Nous nous croisons déjà dans les manifestations pour la langue bretonne et pour la réunification. Si alliance nous devions avoir, cela serait sur des campagnes ponctuelles et ciblées comme pour gagner la proportionnelle par exemple (alliance qui irait bien au-delà de la seule « emsav »).

 

Le bureau politique de l’Union démocratique bretonne.