L'Elsässerditsch et le Hochdeutsch, victimes de la politique linguistique ?

Les différentes expressions de l’Alsacien, l’Elsässerditsch et l’Allemand standard, victimes de la politique linguistique d’après guerre ? Notre langue maternelle, l’Alsacien est en grand danger !

 

L’Allemand sous ses formes orales (parlées) et écrites est la langue historique et populaire en Alsace depuis le Vème siècle.

Les dialectes alémaniques et franciques sont employés en Alsace depuis plus de 1500 ans, avant même l’intégration au Saint Empire Romain Germanique au Xème siècle. Ces parlers alémaniques et franciques traditionnels constituent la langue régionale d’Alsace, communément appelée « Alsacien ». Ils sont accompagnés par les formes écrites de l’allemand (vieux allemand, moyen haut allemand, haut allemand moderne), utilisés en Alsace depuis qu’ils existent au IXème siècle et qui déboucheront à partir du XVIème siècle à l’allemand standard, le Hochdeutsch, enseigné sans interruption aux jeunes Alsaciens depuis sa création jusqu’en 1945. L’allemand sous toutes ses formes n’a donc pas été importé et il ne constitue pas seulement la langue du voisin, il fait partie intégrante des langues et parlers d’Alsace. D’ailleurs, les auteurs Alsaciens ont fortement contribué au développement de la langue et de la culture allemande : le premier poème achevé en 870 (Das Evangelienbuch : Otfried), la première bible imprimée en 1466 (Johann Mentelin), le livre le plus lu en Europe avant la bible de Luther en 1494 ( Das Narrenschiff : Sebastian Brant).

 

Le dialecte Alsacien et l’allemand standard, largement combattus et méprisés en Alsace depuis 1945

 

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’usage de l’allemand, tant dans ses formes parlées qu’écrites est exclu de l’enseignement pendant de nombreuses années et son emploi dans les médias (presse, cinéma, radio) largement contrôlé et avec une place largement amoindrie par les autorités administratives françaises. N’oublions pas non plus la francisation massive des noms des rues avec absence régulière de plaques bilingues pour les noms des rues ainsi que la francisation des fêtes traditionnelles comme le Beerfescht de Schiltigheim , devenue "Guinguette" ou la stigmatisation des musiques et chants traditionnels en Elsässerditsch. Les oppositions aux langues et cultures régionales sont au plus haut niveau de la sphère politique française. Pour ne citer que quelques exemples : « Il n’y a pas de place pour les langues et cultures régionales dans une France qui doit marquer l’Europe de son sceau ! « (le président Georges Pompidou dans un discours prononcé à Sarre-Union en 1972), « Je dois tout d’abord de vous préciser que le dialecte alsacien n’a jamais été la langue maternelle des Alsaciens et que seule la langue française est reconnue comme telle » (André Bord, Président du Conseil Général du Bas-Rhin en 1979) alors même que le célèbre écrivain alsacien Albert Schweitzer déclarait (traduction) que « l’allemand est ma langue maternelle, car le dialecte dans lequel je suis linguistiquement enraciné est allemand ». De plus la constitution française relaie les langues régionales à la sphère privée, ne leur permettant pas de bénéficier d’une existence sociale et culturelle, pleine et entière, seule capable de les garder vraiment en vie, l’article 2 de la constitution déclarant « La langue de la République est le français ». Si depuis le début des années 1990, le bilinguisme paritaire Français / Hochdeutsch, est à nouveau possible à l’école, les politiques publiques en faveur de l’apprentissage de l’Allemand standard (Hochdeutsch) et des parlers alsaciens sont insuffisantes. Par ailleurs, la France compte parmi les rares pays européens à ne pas avoir ratifié la Charte européenne des langues régionales et minoritaires.

 

Les politiques publiques ont conduit à une chute vertigineuse du nombre de dialectophones. Il faut d’urgence agir pour enrayer cette dynamique !

 

Alors qu’en 1900, 95% des Alsaciens maitrisaient l’allemand standard et les dialectes alsaciens, ils ne sont plus que 43% en 2012 toutes générations confondues mais seulement 3% des 3-17 ans étaient dialectophones en 2012 (Chiffres de l’OLCA). Aujourd’hui, notre langue est gravement menacée : l’heure est à la reconquête linguistique et aux mesures fortes. Les récentes élections ont montré que seul le parti politique Unser Land s’investit et se bat activement pour le retour du bilinguisme en Alsace. Nous demandons que la langue alsacienne soit également langue officielle en Alsace. Toutes les administrations devront être bilingues. L’enseignement devra être intégralement géré par la Région. Le bilinguisme sera généralisé de la maternelle à l’université, avec apprentissage du dialecte et du Hochdeutsch dès la maternelle, en s’inspirant du modèle luxembourgeois ou suisse alémanique. Dans toutes les communes, les toponymes originaux seront restaurés. Afin de garantir une présence forte de la langue alsacienne dans les médias, un service public alsacien de l’audiovisuel sera mis en place.

 

Julien Kraemer, vice président de la section Jeunes d’Unser Land