Au 1er janvier 2018, la collectivité territoriale de Corse et les deux conseils départementaux de Corse ont fusionné pour donner naissance à la collectivité de Corse, qui dispose désormais de l’ensemble des ressources et compétences des trois collectivités préexistantes. Il s’agit d’un cas unique en France sur au moins deux points. D’un côté, les autres fusions entérinées (Guyane et Martinique) n’ont concerné qu’une région et un département. D’un autre côté, cette fusion n’a pas été soumise au vote des citoyens.
Faute de recul, il n’est pas possible aujourd’hui de tirer un véritable bilan de cette expérience. En revanche, il est certain qu’il s’agit d’un processus inachevé et qu’il reste indispensable de s’interroger sur ses significations, ses intérêts et ses risques. La littérature académique relative aux fusions de communes indique bien qu’il ne saurait s’agir d’une panacée.
Une telle réforme renforce assurément la légitimité, la cohérence et les capacités d’action de la collectivité régionale. Toutefois, d’un côté, cela ne se traduit pas par la création d’un véritable gouvernement régional. D’un autre côté, il apparaît essentiel de repenser parallèlement les liens entre l’échelon régional et les échelons communal et intercommunal, notamment pour des raisons de proximité de l’action publique.
Andria Fazi, politologue, Maître de conférences en science politique à l’Université de Corse