COVID 19 – VERS UN NÉCESSAIRE GRENELLE DE LA SANTÉ.

Le traitement chaotique de l'épidémie par les pouvoirs publics n'a pas fini d'interroger. Il inquiète pour l'avenir.

 

Selon un article de la Badische Zeitung du 22 avril le gouvernement français aurait interdit à la présidente du Conseil Départemental 68 de continuer le dépistage du Covid qu'elle avait entrepris dans les maisons de retraite de son département, particulièrement touché par l'épidémie. Ce dépistage répondait à une attente des directeurs de ces établissements inquiets par les effets délétères et  létaux de l'isolement imposé depuis le 17 mars aux personnes âgées par un confinement strict et indifférencié.

 

Le frein du gouvernement face à l'initiative de la collectivité alsacienne est tout aussi inexplicable que l'interdiction faite aux pharmaciens non seulement de vendre des masques de protection à leurs clients mais également d'en commander.

 

Le retard mis à autoriser les laboratoires privés et les laboratoires vétérinaires départementaux à pratiquer les tests de dépistage laisse également perplexe.

 

Par ailleurs la réticence à valider des thérapies ayant pourtant prouvé empiriquement leur efficacité, notamment l'association hydroxychloroquine + azithromycine appliquée par l'un des plus éminents virologues mondiaux, le Professeur Didier Raoult à Marseille, interroge sur la volonté réelle du gouvernement de sauver des vies. L'Ordre des médecins semble également en plein paradoxe, lorsqu'il menace de mesures disciplinaires des médecins libéraux coupables d'avoir guéri leurs patients en appliquant des protocoles de soins efficaces, éprouvés empiriquement, mais non validés spécifiquement pour le traitement du Covid 19. (Républicain Lorrain, 25 avril 2020)

 

Le « triage » des patients pour l'accès en soins intensifs en fonction de l'âge –  et non de l'état de santé réel – imposé en Alsace à des services hospitaliers débordés, confirmé par la présidente du CD68, est un autre scandale inouï.(Courrier International, 26 mars 2020)

 

Ces informations disparates sont toutefois submergées par les images catastrophiques et anxiogènes d'hôpitaux saturés, de soignants débordés et par les chiffres, assénés quotidiennement, des contaminations et des morts.

 

La peur et la panique ont fait accepter à l'ensemble de la population le principe du confinement. Il s'agissait d'éviter une propagation exponentielle du virus à laquelle l'hôpital public, sous-équipé et exsangue après des décennies de gestion bureaucratique et strictement comptable, n'aurait pas été apte à faire face. Cette mise en quarantaine massive, en dépit de son caractère moyenâgeux, a été globalement admise par la population en solidarité et en soutien aux personnels soignants, premières victimes des carences des pouvoirs publics.

 

La population a cependant été mal payée en retour, puisqu'elle s'est vue soumise à une surveillance policière sévère et exposée à une forme d'infantilisation et à des chicaneries et  verbalisations sans rapport avec la situation sanitaire.

La sortie du confinement est bien évidemment attendue avec d'autant plus d'impatience que l'inquiétude grandit quant aux conséquences économiques de la mise à l'arrêt des activités « non essentielles ». 

 

Cependant la confiance envers le gouvernement est définitivement entamée. La population se laissera-t-elle imposer les mesures qui accompagneront ou conditionneront le déconfinement par ceux-là mêmes qui ont montré leur incapacité à gérer cette crise, ceux-là mêmes qui par leurs choix politiques, leurs contradictions, leurs atermoiements ou leurs mensonges sont responsables du bilan catastrophique de cette épidémie ? La France compte en effet parmi les pays à la plus forte mortalité liée au Covid ou à la gestion de la crise.

 

 « Ce n'est pas avec ceux qui ont créé les problèmes qu'il faut espérer les résoudre » (A. Einstein).

 

Parmi les mesures conditionnant la sortie du confinement, certaines inquiètent ou font polémique, notamment en raison du caractère obligatoire qu'elles pourraient prendre, alors même qu'elles arrivent quasiment « après la bataille »: port du masque, dépistage et traçage électronique.  L'annonce d'une vaccination – obligatoire?-  partage l'opinion publique et les professionnels de la santé.

 

Un Grenelle de la santé avait été demandé par plus de 1100 médecins hospitaliers dans une lettre adressée à la ministre de la Santé et publiée dans Libération le 13 janvier 2020. Ils alertaient sur la situation dramatique de l'hôpital public, comme l'ont fait pendant toute l'année écoulée toutes les catégories de soignants à travers des manifestations, des grèves et des démissions. Un débat transparent et ouvert à l'ensemble du paysage de la santé : usagers, professionnels du soin, élus, chercheurs, assureurs, laboratoires,  permettra de rendre des avis indépendants pour éclairer, notamment les parlementaires et le ministère. La question des vaccinations en particulier y aura sa place.

 

L'Alsace et la Moselle ont été particulièrement touchées par l'épidémie. La tiers-mondisation des services de soins, en particulier à Mulhouse, téléguidée par l'Agence Régionale de Santé  basée à Nancy, et dont le directeur a été limogé, a compliqué à l'extrême et rendu héroïque le travail des soignants. 

 

Unser Land demande une relocalisation de la gouvernance sanitaire dans le périmètre de la future Collectivité Européenne d'Alsace et propose que le Régime local d'assurance maladie d'Alsace-Moselle se charge d'organiser ce Grenelle de la santé qui contribuera à reconstruire le système de soins dans l'esprit du serment d'Hippocrate.

 

Andrée Munchenbach

Secrétaire fédérale

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