Zéro pointé en histoire pour le « Grand Est » !

En mal de légitimité, la Région « Grand Est » s’est mise à l’écriture d’une histoire. On trouve, en effet, dans un « projet » de « Diagnostic territorial », daté de mars 2018, une page consacrée aux « héritages d’un passé commun ». Fausses informations, oublis intentionnels et exemples à contre-emploi s’y mêlent pour former un récit proprement ahurissant.

L’historiographe anonyme du « Grand Est » soustrait l’Alsace et la Moselle au monde germanique pour en faire des marches de l’Europe romane. Il évoque les « annexions allemandes » — dont une annexion imaginaire au XVIIIe siècle ! — sans mentionner une seule fois les annexions françaises. Car la puissance expansionniste, c’est bien la France : ce sont Louis XIV et Louis XV qui ont progressivement annexé l’Alsace, la Lorraine et le Barrois ducal, parfois par la force la plus brutale, comme lors du massacre de la population de Turckheim par le sanguinaire maréchal « grandestien » Turenne (natif de Sedan). Cette politique annexionniste a été parachevée par la Convention et le Directoire à la fin du XVIIIe siècle.

 

« Le concordat de 1801 » et « le statut juridique particulier de l’Alsace et de la Moselle » seraient des éléments fondateurs de l’identité du « Grand Est ». Cette dernière aurait aussi été cimentée par les combats de 1914-1918 et de 1939-1945... Pourtant tout historien sérieux connaît la réalité particulière de ces conflits en Alsace et en Moselle, dont la mémoire est refoulée et pervertie sous l’action de l’État français, et aujourd’hui du « Grand Est ». Dans cette logique, sous la plume imaginative et libérée de toute rigueur scientifique de l’historiographe officiel, la Champagne, la Meuse, les Vosges deviennent fers de lance de la construction européenne et du rayonnement européen de la « Région ».

 

Une carte des densités de population accompagne le texte. Elle montre clairement que l’Alsace présente une répartition de la population qui la distingue du reste du « Grand Est » et l’inscrit dans l’Oberrhein. Mais l’analyste « grandestien » ne s’intéresse pas à ce qu’on peut observer de l’autre côté du Rhin. Des écarts de densité entre les différentes parties du « Grand Est », il déduit le fameux « héritage d’un passé commun ». Pourquoi tant de monde vit-il en Alsace ? La population y a été attirée par la frontière, explique-t-il sans rire !

 

Les citations commentées ici sont retranscrites in extenso dans un article consultable sur le site d’Unser Land. Il faut, en effet, le lire pour le croire !

 

Heureusement, les élucubrations historiques produites par la Région « Grand Est » se limitent encore à quelques chapitres ou articles d’obscures brochures. Mais on peut craindre, connaissant l’activisme propagandiste des autorités de notre « oblast », que cette histoire officielle ne se répande plus largement dans un avenir proche. Crainte toute relative, cependant, car il y aura toujours des Alsaciens avertis pour dénoncer les falsifications de L’histoire du Grand Est racontée aux petits enfants par l’Oncle Rottner !

Andrée Munchenbach,

 

Présidente d'Unser Land

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