Fusion des académies: Unser Land écrit au Premier ministre

Monsieur le Premier ministre,

 

Le parti alsacien Unser Land a salué la mission de réflexion que vous avez confiée en début d'année au préfet de Région, sur « l’évolution du Bas-Rhin et du Haut-Rhin à l’intérieur du Grand Est ». Vous lui demandiez d’étudier les différentes hypothèses, de peser « les avantages et les inconvénients » des différentes solutions institutionnelles, de proposer un calendrier et d’éventuelles « expérimentations législatives et réglementaires ».

 

 

Nous avons été parmi les nombreux contributeurs qui ont alimenté la réflexion du préfet. Notre contribution a pris la forme d'une proposition de loi, élaborée avec des juristes et des parlementaires. Elle s'inspire du statut accordé à la collectivité de Corse, adapté aux particularismes de l’Alsace.

 

L'enseignement constitue un chapitre important dans notre projet politique, en particulier concernant le bilinguisme français-allemand langue régionale. L'Alsace est en effet pénalisée y compris sur le plan économique par le recul inexorable de la pratique de l'allemand sous ses deux formes, dialectale à l'oral et standard à l'écrit, qui est à la fois sa langue historique et la langue de tous ses voisins européens, par ailleurs partenaires économiques de premier plan, ( Bade-Wurtemberg, Bâle...). En vue de mettre en place la politique spécifique et volontariste en faveur du bilinguisme qu'impose la situation particulière de l'Alsace (et de la Moselle), notre projet prévoit le transfert de certaines compétences de l'Education Nationale pour une gestion au plus près des réalités.

 

Le rapport du Préfet n'a pas encore été publié. Nous ne connaissons pas les suites que le gouvernement lui donnera. Aussi nous nous étonnons de certaines informations, dont celle de la fusion des académies calquée sur les 13 nouvelles régions métropolitaines. L'éloignement et la recentralisation à l'échelle de la méga-région des instances décisionnelles de l'Education Nationale ne vont pas faciliter les politiques différenciées ou même les expérimentations dont l'urgence est pourtant sensible en Alsace. L'annonce de la disparition de l'Académie de Strasbourg, fusionnée avec celles de Nancy-Metz et de Reims, est par ailleurs un nouveau coup porté à l'Alsace dont pourtant l'écrasante majorité de ses habitants souhaite retrouver l'existence institutionnelle et politique.

 

Cette annonce est pour le moins prématurée. A moins qu'elle ne soit le signe du mépris et du peu de cas que fait le gouvernement des analyses et propositions émanant des élus ou de la société civile alsacienne, pourtant consultés officiellement sur le sort de leur région historique.

Les Alsaciens ont déjà à subir le harcèlement propagandiste de la Région Grand Est, qui investit une part insensée de son budget en frais de communication pour imposer dans les esprits en même temps que dans le paysage, aux entrées de lycées, dans les stades, sur les cars et trains TER, sur une péniche, une montgolfière, etc., son logo et une identité artificielle. Le gouvernement choisirait-il de conforter la mégalomanie du président Rottner ?

 

La publication du rapport du Préfet et une information quant à la suite que vous lui réservez deviennent urgents. Les Alsaciens ont besoin de savoir quel sort leur est réservé par votre gouvernement.

 

Dans cette attente, vous prions d’agréer, Monsieur le premier Ministre, l’expression de nos sentiments distingués,

 

Cordialement,

Andrée Munchenbach,

Présidente d'Unser Land

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