Bilinguisme : le catalan fait-il peur à la France ?

Malgré une demande croissante de la part des parents d’élèves, l’offre de l’éducation nationale en matière d’enseignement du catalan est quasiment inexistante. Alors que plus de 76 % des parents sont favorables à l’enseignement du catalan, il n’y a que 7 % d’élèves bilingues et moins de 15 % en initiation en Catalogne Nord ! Pourquoi, lorsque l’on sait que le Pays Basque Nord compte environ 50 % d’élèves bilingues dans le secteur public, et la Bretagne 13 %, l’offre est-elle si faible chez nous ? Le catalan ferait-il peur à la république ?

Nous avons le droit de parler le catalan et de l’apprendre à l’école publique, simplement parce que le catalan est notre langue, le premier marqueur de notre identité. Nul n’a le droit de détruire la culture d’un autre (bien que la France, patrie autoproclamée des Droits de l’Homme, soit passée maîtresse en la matière), pourtant, l’Académie de Montpellier continue de refuser un droit fondamental aux enfants : celui d’apprendre leur langue maternelle pour certains, celle de la région où ils vivent pour d’autres. Aujourd’hui, seules 47 écoles sur 312 proposent un modèle bilingue et immersif dans le système d’enseignement public ou privé, selon l’APLEC (Association pour l’enseignement du catalan).

 

Pour palier cette carence (délibérée ?) de l’État jacobin, huit écoles Bressola et quelques autres, associatives immersive et/ou plurilingues, ne suffisent pas. Pourtant, ces établissements accomplissent un travail pédagogique extraordinaire. L’Escola Jordi Père Cerda, à Saillagouse, par exemple, dont nous avons rencontré la directrice : grâce à un échange de plusieurs heures, nous y avons découvert des enseignants passionnés, ouverts d’esprit et novateurs, et des enfants dotés d’une incroyable capacité d’assimilation et d’une curiosité sans borne. À cinq ans ils parlent déjà 3 langues : catalan, espagnol et français ! Une performance assez rare dans les écoles publiques… Un proverbe africain dit : « Quand tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens. » Pour l’avenir des enfants, leur culture et leur épanouissement, il serait logique d’adopter un modèle d’éducation similaire dans tout le Pays Catalan… Pourtant, l’Escola Jordi Père Cerda a failli fermer faute de financement : sans l’aide de la Generalitat, entravée et bâillonnée par l’article 155 de la constitution espagnole, et sans AUCUNE aide de l’Académie de Montpellier, c’est seulement grâce à la générosité des familles que l’école a pu être sauvée ! Oui au pays catalan ainsi que la Joventut de Catalunya Nord tiennent à apporter leur soutien à cette école ainsi qu’à toutes les autres écoles catalanes pour assurer un avenir à notre jeunesse.

Il est à noter tout de même, et c’est une très bonne nouvelle, que la campagne de crowdfunding lancée pour sauver l’Escola Jordi Père Cerda, a dépassé son objectif initial de 35 000 euros, preuve s’il en est du fort attachement de la population pour cette école et, au-delà, pour l’enseignement du catalan.

 

(Pour participer, aller à cette adresse https://salvemlajordi.cat)

 

Aujourd’hui, l’offre scolaire en langue catalane est ridicule vis-à-vis de la demande, il n’y a aucune politique de développement du catalan, et aucun conseil académique des langues régionales n’a été créé dans notre académie, alors que cette création est prévue dans les textes officiels. Nous avons pourtant un droit fondamental, comme tous les peuples du monde : celui de développer paisiblement notre culture et de la donner en partage à nos enfants. La République française nie ce droit et nos députés soi-disant « catalans » sont aux abonnés absents quand il s’agit de culture catalane… Soit. Nous, nous n’abandonnons pas, nous continuons à nous battre.

 

En conclusion : La Joventut de Catalunya Nord tient à remercier la Directrice, les enseignants et les enfants de l’escola Jordi Père Cerda pour nous avoir reçus et pour avoir partagé avec nous leur enthousiasme et leur passion. Nous nous sommes rencontrés en inconnus et quitté en amis.

 

JNC Kevin Estela.

Jeunes de Oui au Pays Catalan