Depuis dimanche, la Fédération Nationale Des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FNSEA) et les Jeunes Agriculteurs bloquent une dizaine de raffineries afin de protester contre l’importation d’huile de palme. Par cette action, la FNSEA et les JA contestent l’arrivée de la concurrence de TOTAL dans la filière hexagonale de l’agro-industrie. C’est, en effet, à ce dernier, qu’en 2015 le gouvernement d’Emmanuel Valls avait confié la mission de transformer en biocarburant l’huile de palme d’importation.
Les biocarburants sont des carburants de substitution obtenus à partir de la biomasse (matière première d’origine végétale, animale ou issue de déchets). Ils sont généralement incorporés dans les carburants d’origine fossile. Les huiles végétales sont extraites de plantes oléagineuses (EMHV) issues de l’agriculture industrielle qui servent de complément pour le diesel. En 2015, la production française d’EMHV était dominée à 82% par le colza dont la moitié provenait de l’agriculture “française“[i].
R&PS condamne l’importation d’huile de palme mais se refuse tout autant à soutenir la FNSEA et les JA dans leur action. R&PS ne saurait accepter de dérogation pour détourner l’agriculture de sa vocation nourricière au prétexte de faire rouler des autos avec du colza, du blé, de la betterave ou de la canne à sucre de nos régions.
La faim dans le monde progresse de nouveau. D’après l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), en 2016, 11% de la population mondiale souffrirait de la sous-alimentation. “Cette augmentation - 38 millions de personnes de plus qu’en 2015 – est due aux conflits violents et aux chocs climatiques[ii]“.
La protection des terres agricoles est un enjeu planétaire. Tout le monde doit prendre sa part de responsabilité. Refusons le développement des agro-carburants d’ici ou d’ailleurs.
Gustave Alirol, président de R&PS
[i] Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire
[ii] Communiqué de la FAO du 14 octobre 2017 sur la sécurité alimentaire mondiale et la nutrition