Le combat pour l’autonomie

Que la Corse soit terre d’avenir pour ses enfants : c’est le but même de la démarche nationaliste. Mais pour y parvenir, il faudra d’autres victoires que les victoires électorales. Il faudra gagner le combat pour l’autonomie de la Corse.

 

Les premiers combats que l’on mène sont très importants. En entrant sans faiblir dans la recherche d’une solution aux transports maritimes, en dégageant un projet original et séduisant, capable de répondre aux problèmes du court terme et, dans le même temps, d’avoir espoir dans l’avenir, la Collectivité Territoriale, sous l’impulsion de sa nouvelle majorité, a apporté une première réponse. Le dossier est emblématique car depuis des décennies il traîne derrière lui une fatalité d’échec et de « no future ».

 

Pourtant une île ne peut être totalement dépendante pour son désenclavement. Sur une île, mécaniquement les activités maritimes et aériennes sont importantes. C’est un domaine économique où le faible poids de la démographie ne constitue pas un handicap a priori qui priverait cette activité de toute masse critique pour espérer être rentable. La Corse a fait un choix raisonnable et audacieux. Rien n’est garanti à l’avance et il faudra veiller à la bonne gouvernance des sociétés publiques et semi-publiques que la nouvelle continuité territoriale subventionnera. Mais la preuve est apportée que la Corse est gouvernée et qu’elle est prête à relever les défis.

 

Le défi social n’est pas le moindre. Il se décline en termes de santé publique, d’éducation et de lutte contre la pauvreté. On mesure mal à quel point les chiffres sont alarmants, qu’il se déclinent en taux de chômage, en milliers de jeunes quittant sans diplôme leur scolarité, en dizaines de milliers de Corses qui vivent sous le seuil de pauvreté, ou bien à travers les dizaines de millions d’euros de déficit des hôpitaux publics d’Aiacciu et Bastia, ou encore à travers le désert médical qui se répand dans l’intérieur.

 

Une régression sociale s’installe qui voit les indicateurs s’aggraver chaque année, et la communauté corse est impuissante car aucune des politiques concernées n’est de compétence locale. L’argent, et les compétences, sont entre les mains de l’Etat. Tout au plus  peut-on espérer influer à la marge, pour donner une nouvelle impulsion au logement social, pour soutenir le maillage du territoire par des maisons médicales comme il s’en est créé en Balagne et à Carghjese, pour se porter en appui du développement local partout où c’est possible.

Avec les pouvoirs de leur autonomie, les Ecossais, depuis qu’ils sont gouvernés par les nationalistes du SNP, ont mis le social au premier rang de leurs priorités : modernisation des établissements de santé, soutien sans précédent au système éducatif,  réforme de la propriété foncière sont leurs priorités. Elles doivent être aussi les nôtres même si les moyens nous manquent tant que nous ne bénéficierons pas d’une autonomie comparable à celle de l’Ecosse.

 

Le combat pour l’autonomie de la Corse est le grand combat de la décennie qui vient. Il se gagnera en ayant la confiance du peuple corse ce qui suppose un bon bilan pour l’Exécutif nationaliste. Et il faudra aller au delà, montrer que les politiques menées depuis des échelons de décision maîtrisés en Corse au nom du peuple corse seront effectivement plus efficaces et plus justes que ce que fait l’Etat central.

 

De grands dossiers sont à mener à bien : les déchets, l’énergie, la mise en valeur du patrimoine, etc.. La question des ressources est également posée car aucune politique ambitieuse n’est possible sans les ressources correspondantes. C’est d’ailleurs l’acte de souveraineté par excellence : lever l’impôt. Mais à une condition expresse : que sa destination soit connue et vérifiable par le citoyen à tout moment. Un débat s’esquisse à ce sujet autour de la fiscalité des carburants, pour que la CTC se dote d’une ressource nouvelle à l’instar de ce qui a été fait dans les autres régions sur le continent. C’est un débat à mener sans démagogie, et sans trembler devant les levées de boucliers de nos adversaires les plus acharnés.

 

Car nous sommes désormais une force de gouvernement, et que nous comptons le rester.

 

 

François ALFONSI