Référendum au Royaume-Uni : “Rester” ou “partir” pour mieux revenir!

Le 23 juin 2016, les Britanniques s'exprimeront sur le maintien ou non du Royaume-Uni au sein de l'Union européenne. Ce référendum, imposé par une majorité conservatrice anglaise, pourrait avoir des conséquences dramatiques pour les Ecossais, les Gallois et les Irlandais du nord.

 

Un référendum qui vient de loin!

 

En 2009, David Cameron, alors chef du parti conservateur britannique qui siégeait dans l'opposition, avait promis, de façon très démagogique, un référendum sur le traité de Lisbonne, s'il était élu, en mai 2010, soit 6 mois après son entrée en vigueur. Depuis, son parti, sous la pression d'une presse anglaise de plus en plus europhobe et du UKIP, parti ultraconservateur faisant quasi exclusivement campagne pour la sortie du Royaume-Uni de l'U.E, n'a cessé de lui réclamer ce référendum.

 

Vainqueur aux élections de mai 2010, David Cameron gouverne depuis en coalition (une exception au Royaume-uni!) avec les libéraux-démocrates très europhiles qui, bien qu'extrêmement faibles et inaudibles, essayent de faire contrepoids aux europhobes du parti conservateur. Mais la pression de la presse écrite et de l'opinion publique anglaises se fait de plus en plus sentir. David Cameron est donc obligé, en janvier 2013, de demander une renégociation des termes du contrat liant le Royaume-Uni et l'Union européenne et propose alors de soumettre le résultat à un référendum.

 

En 2015, les conservateurs britanniques, menés par David Cameron, remportent seuls, et à la surprise générale, les élections législatives. David Cameron est alors libre d'imposer son agenda ultralibéral, eurosceptique et conservateur ainsi que son référendum aux Européens, mais aussi -et surtout- aux Ecossais, aux Gallois et aux Irlandais du nord.

 

Début 2016, l'accord, extrêmement avantageux pour le gouvernement britannique puisque quasiment toutes ses demandes sont reprises, est scellé entre Bruxelles et Londres sans que Glasgow, Cardiff, ou Belfast n’aient droit au chapitre. Le 23 juin prochain sera le jour du référendum et le choix sera extrêmement simple: soit ''remain'' (rester dans l'Union européenne et valider l'accord négocié) ou “leave” (partir de l'U.E).

 

Ecossais, Gallois et Irlandais du nord pris en otage par les Anglais!

 

Ce référendum a été imposé par les Anglais (la presse écrite, UKIP et les eurosceptiques du parti de David Cameron principalement) car, rappelons-le, les conservateurs sont majoritaires à Westminster quasi uniquement grâce à des élus anglais.

 

Les Tories ont 330/650 des sièges mais n'ont que 11 sièges sur 40 au Pays de Galles, 1 sur 59 en Ecosse et 0 sur 18 en Ulster! Autrement dit, le gouvernement britannique est un gouvernement anglais qui impose sa vision aux 3 autres nations composant le Royaume-Uni. Et c'est ainsi que les Ecossais, les Gallois et les Irlandais du nord se retrouvent pris en otage par un gouvernement anglais qui ne les représente pas.

 

Les derniers sondages montrent que le résultat final est extrêmement incertain et le ton de la campagne est détestable, les 2 camps faisant des campagnes fondées sur la peur et la haine. La peur de voir débarquer des hordes de réfugiés et de migrants si le Royaume-Uni reste dans l'Union pour le camp du “Leave” et le risque d'une crise économique et de perte massive d'emplois en cas de départ pour le camp “remain” du gouvernement.

 

Seuls, les écologistes en Angleterre et les nationalistes en Ecosse (SNP au pouvoir), au Pays de Galles (Plaid Cymru) et en Irlande du nord (Sinn Fein) font une campagne positive pour rester dans l'Europe. Rester dans l'Union est essentiel pour ces ''3 nations mineures'' du Royaume-Uni.

 

L'Ecosse commerce énormément avec le reste de l'Union. En sortir serait fragiliser toute une économie. Le Pays de Galles reçoit des fonds européens qui lui permettent de rattraper son retard économique, fonds que Londres ne compenserait jamais, en cas de départ définitif. Enfin, l'Irlande du nord, qui a rejoint l'Union européenne en même temps que l'Irlande (1973) et qui est toujours séparée du reste de la République, se retrouverait dans une situation cocasse: être hors Union alors que le reste de la nation irlandaise est dans l'Union!

 

De plus, les nationalistes écossais et gallois rappellent que le peu de règles sociales européennes (durée minimale du congé maternité, durée maximale hebdomadaire de travail...) sont bien plus progressistes que le programme politique du gouvernement de David Cameron. Autrement dit, bien que loin d'être sociale, l'Union Européenne est plus enviable que l'Union Jack.

 

Enfin, les nationalistes écossais, gallois et irlandais du  nord ont une peur profonde (et historiquement fondée!) que leur sortie de l'Union Européenne soit un retour à l'avant 1973, quand Glasgow, Cardiff et Belfast étaient enfermées dans un tête-à-tête morbide avec Londres. Sortir de l'Union, c'est revenir dans le calvaire de la centralisation.

 

Pour toutes ces raisons, et bien d'autres encore, les 3 partis nationalistes font campagne pour rester dans l'U.E. car les Gallois, les Ecossais et les Irlandais sont des peuples profondément européens. Mais Londres a décidé que le vote de la majorité (des Britanniques) s'imposerait aux 4 nations.

 

Peut-être que, pour la première fois de l'Histoire du Royaume britannique, les “3 nations mineures” vont imposer leur choix à la “nation dominante” en la contraignant, contre sa volonté, à rester dans l'Union. La situation serait cocasse mais démontrerait qu'il n'y a plus rien de commun entre ces 3 nations qui aspirent à liberté, à l'émancipation et à une autre Europe et la “vieille nation”  qui serait sur le point de s'éteindre d'un point de vue politique.

 

A moins, qu'une fois de plus, les Anglais imposent leurs vues, et leur voix, aux 3 autres peuples du Royaume-Uni qui seraient alors contraints de partir, eux aussi. Mais comme l'a déjà annoncé le SNP, il ne restera alors plus que la voie de l'indépendance pour quitter le Royaume-Uni et revenir en Europe!

 

Pour les Ecossais, les Gallois et les Irlandais du nord, ce 23 juin c'est : “rester” dans l'Europe ou “partir” … pour mieux revenir!

 

Roccu GAROBY

 

Vice-Président de l'Alliance Libre Européenne jeune