Pour le pouvoir d’achat, la souveraineté énergétique et la planète, le nucléaire n’est qu’une illusion

Electricité, gaz, carburant : le prix de l’énergie flambe. Le choix de la France de s’enfermer dans le tout nucléaire, y compris par la généralisation du chauffage électrique dans des logements peu isolés, conduit aujourd’hui à une triple sanction : l’augmentation de la dépendance à des pays producteurs, l’envolée du prix de l’électricité et l’aggravation de l’empreinte écologique.

En temps normal, le nucléaire représente 70% de la production française d’électricité. Cependant, depuis le début de l’année, les centrales nucléaires, dans l’Hexagone, sont soit fermées pour cause de maintenance ou de vétusté (un réacteur sur deux est à l’arrêt) soit au ralenti du fait de l’assèchement des cours d’eau et de la canicule. Les centrales nucléaires ont en effet besoin d’eau pour refroidir leurs réacteurs. Le réchauffement climatique et la raréfaction de l’eau sont une réalité qui va durablement impacter de façon négative le fonctionnement des centrales nucléaires.

 

Les centrales nucléaires fonctionnant au ralenti, la France pour couvrir des besoins d’autant plus importants qu’elle est le seul pays en Europe à avoir généralisé le chauffage électrique dans des logements très mal isolés tout en n’investissant pas suffisamment dans les énergies renouvelables contrairement à d’autres pays européens comme l’Espagne et le Portugal (47% pour le premier et 56% pour le second de l’électricité produite dans ces deux pays provient des énergies renouvelables), est contrainte de rouvrir des centrales à combustible fossile et d’augmenter le volume des importations. Désormais une partie de l’électricité consommée en France vient de l’étranger. La dépendance de la France aux pays producteurs est telle qu’elle est devenue, au premier semestre 2022, le troisième plus gros importateur d’électricité en Europe. Outre la perte de souveraineté, la dépendance aux combustibles fossiles et à des pays tiers entraine des surcouts budgétaires et menace le climat.

 

Selon la règle de l’ordre de mérite (merit order), utilisée pour réguler le marché européen, le prix de l’électricité est indexé sur le cours du gaz, Depuis les sanctions prises à l’encontre de la Russie après l’invasion de l’Ukraine, le prix du gaz est devenu prohibitif (la Russie fournissait 45% des importations de gaz en Europe).

Enfin, le gaz est une énergie fossile et sa pollution au CO2 est importante. Or le CO2 est le principal responsable du réchauffement climatique. Augmenter la production de gaz alors que la lutte contre le réchauffement climatique doit être la priorité, est une erreur.

 

Pour Régions et Peuples Solidaires, la crise actuelle doit entraîner un changement radical depuis les territoires dans la production et la consommation d’énergie. La sortie du nucléaire et de la dépendance aux énergies fossiles, qui est un impératif pour la planète et pour l’économie, doit aussi s’accompagner d’une augmentation massive de la production d’énergies renouvelables collectives et individuelles ainsi qu’une baisse volontariste des consommations. La « Recherche et le Développement » qui est aujourd’hui concentrée à 70% par le nucléaire doit être réorientée vers les énergies renouvelables et l’efficience énergétique. Les aides au pouvoir d’achat doivent être maintenues mais fléchées vers les populations les plus précaires et les secteurs économiques les plus impactés mais avec éco-conditionnalité. L’isolation des logements des plus précaires, premières victimes du tout-électrique, doit faire l’objet d’un plan d’urgence incluant tous les coûts induits : travaux globaux (isolation des toitures et des parois, remplacement des ouvertures, systèmes de chauffage alternatifs) , en incluant la libération du logement et le relogement durant la durée des travaux. Ce plan exceptionnel orientera les fonds publics vers la revalorisation du pouvoir d’achat des plus pauvres dont les factures énergétiques seront réduites jusqu’à une division par trois, et relancera l’activité économique pour de nombreux artisans.

Par contre, si on s’enferme dans un choix nucléaire qui date des années 70, les Français, notamment les plus modestes, continueront à payer un prix exorbitant à EDF qui est le lobby industriel étatique le plus puissant d’Europe.

 

François Alfonsi, Président de Régions et Peuples Solidaires