On ne peut pas être régionaliste sans être écologiste et on ne peut pas être écologiste sans être régionaliste

David Cormand participait hier, dimanche 25 août, à la conclusion des universités d’été et du congrès de Régions et Peuples Solidaires à Ajaccio, en Corse. Voici le message qu’il a souhaité adresser, de la part des écologistes, aux régionalistes.

 

Chers amis, chères amies.

 

Je suis venu vous témoigner de l’amitié et du soutien d’Europe écologie les Verts.

Mais ma présence ici ne relève pas du protocole ou de la simple courtoisie. Il se trouve que j’achève mon mandat de secrétaire national d’EELV et que cette intervention est l’une de mes dernières. Elle est à mes yeux importante.

 

C’est l’occasion pour moi de réaffirmer que, dans le désordre du monde, si on veut sauver la planète et éviter la barbarie qui vient, il faut penser conjointement la question de la protection des écosystèmes, la question de la société de la justice dans la sobriété et la question des territoires.

 

Les réponses à apporter face à la crise climatique sont développés depuis longtemps par les écologistes et les régionalistes. Si je souhaite que les liens entre nos organisations se perpétuent et se renforcent, c’est parce que j’ai la certitude que la réponse aux maux du monde se trouve dans notre alliance.

 

Je ne parle pas ici de notre poids électoral et de la nécessité tactique d’évaluer ensemble les gains mutuels et réciproques qu’un front commun engendrerait pour nos mouvements.

J’évoque ici des questions plus capitales encore.

 

Pour aller à l’essentiel, nos deux familles de pensée sont celles qui, depuis toujours, essayent de dire qu’il faut en finir avec une politique hors-sol.

 

L’écologie dit que notre destin est terrestre. Le régionalisme dit que nous ne venons pas de nulle part et qu’il faut protéger nos terroirs. Cette double affirmation perturbe l’ordre dominant qui fait de la seule logique du profit la loi du système.

 

Ceux qui détruisent la planète, polluent nos cours d’eau, empoisonnent nos sols, défigurent nos paysages, sont les mêmes que ceux qui pratiquent l’appropriation culturelle, écrasent de leurs mépris les identités multiples, se gaussent de la diversité des langues et, au final, visent à uniformiser le monde.

 

Ils n’entendent la diversité que quand elle est artificielle, ils ne s’occupent de la nature que quand ils peuvent l’asservir et ne se préoccupent de la culture que quand ils peuvent la vendre.

 

Alors ils nous attaquent. Nous caricaturent. Nous dépeignent en archaïques fermés au progrès alors que nous sommes les gardiens de l’avenir.

 

Face à la barbarie d’un système qui exploite sans vergogne, expulse sans trève et exproprie sans honte, nous sommes de celles et ceux qui disent : « Nous refusons de devenir des sans terre ».

 

Notre régionalisme n’est pas gangréné par la pensée rancie qui voit dans l’autre un étranger pour mieux en faire un ennemi. Notre régionalisme puise au contraire à l’idée d’une fraternité universelle, tissée par le dialogue des cultures et le respect de la nature.

Le monde n’est pas une marchandise. Nos territoires ne sont pas des zones à bétonner. Quand nous défendons, ensemble, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, le droit inaliénable pour chacune et chacun de s’exprimer dans la langue qu’il aime et d’enrichir le patrimoine commun de l’humanité, nous défendons une idée de développement solidaire de notre destin.

 

Regardons l’histoire.

 

Comment ne pas voir que l’idée coloniale et le productivisme procèdent du même mouvement d’exploitation sans limite des êtres et de la planète ?

 

Comment ne pas comprendre que le jacobinisme aveugle et le déménagement du territoire sont nés du même aveuglement ?

 

Considérons l’avenir.

 

On ne peut être écologiste sans être régionaliste. Et on ne peut être régionaliste sans être écologiste. Voilà le sens de ma présence ici, qui engage bien au-delà de moi. Je nous invite à faire tout notre possible pour irriguer le débat public de nos propositions et à faire entrer dans les institutions, à tous les échelons, les politiques que nous portons.

 

Je n’ignore pas que nous avons des débats à mener pour affiner et confronter nos visions respectives. Mais ce qui nous rassemble est plus déterminant que les différences qui nous caractérisent. Je veux dire un dernier mot. Je suis parlementaire européen et j’ai la chance et l’honneur de siéger au côté de mon ami François Alfonsi.

 

Ensemble, nous aurons bien des batailles communes à mener contre une vision ultra libérale de l’Europe qui oublie les citoyennes et les citoyens, méprise les peuples et n’exerce pas la mission historique de protection qui est la sienne.

 

Ensemble, au coude à coude, nous nous battrons pour l’écologie, pour les territoires, pour une politique de l’accueil digne de ce nom, pour le respect des droits de toutes et de tous.

 

Nous défendrons, comme dans la campagne, notre vision de l’Europe des régions solidaires, du protectionnisme vert et de la lutte contre la crise climatique.

 

Du local au global, continuons à faire route ensemble.