DISCOURS DE POLITIQUE GÉNERALE : LA CONFIANCE DOIT ÊTRE RÉCIPROQUE

Après avoir pris acte du discours de politique générale du premier ministre Edouard Philippe, l’Assemblée Nationale (ou plus précisément la majorité LREM et ses alliés), par un vote sans surprise, vient de renouveler sa confiance au gouvernement.

 

De fait cependant, le vote des députés traduit une défiance grandissante. 163 députés, dont les quatre députés rattachés politiquement à Régions et Peuples Solidaires à l’Assemblée Nationale à savoir Jean-Félix Acquaviva, Paul André Colombani, Michel Castellani et Paul Molac, ont exprimé leur opposition à la politique d’Emmanuel Macron et de son gouvernement.  C’est plus de deux fois plus qu’au précédent exercice (67 voix contre). Si l’on ajoute à cela, le vote (symbolique mais non dénué de portée), du Sénat contre la déclaration de politique générale, l’on constate que la contestation s'étend. Alors que le malaise social perdure, après notamment des mois de manifestations des Gilets Jaunes, et après le résultat médiocre de la liste En Marche aux Européennes, le scepticisme grandissant des parlementaires discrédite le président de la République et son gouvernement. L’acte 2 du quinquennat ressemble fort au premier qui avait conduit à l’émergence des Gilets Jaunes:

 

  • Le « nouvel acte de décentralisation » annoncé par Emmanuel Macron relève bien davantage d’un renforcement de l’autorité déconcentrée de l’État dans les territoires. Hormis quelques annonces en direction des maires auxquels le premier ministre promet de conforter les fonctions, les territoires sont les grands absents de la déclaration de politique générale. La réforme constitutionnelle qui devait notamment consacrer la particularité corse dans la Constitution et aurait pu assurer les langues dites régionales est reportée aux calendes grecques, sans que par ailleurs soit apportée une réponse satisfaisante aux questions des territoires et notamment de l'Alsace.
  • Si l’on exclut la fermeture de Fessenheim, encore reportée, et des centrales à charbon, par ailleurs déjà connues, ainsi que la hausse de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique, les propositions relatives à l’écologie manquent singulièrement d’ambition et de clarté.
  • Le pouvoir d’achat des classes moyennes qui devrait progresser grâce à des allègements fiscaux sera, selon le premier ministre lui-même[i], compensé par un allongement de la durée de travail avant la retraite et une diminution des services publics. La suppression de la taxe d’habitation participera de la mise sous tutelle financière par l’État des collectivités locales.

Régions et Peuples Solidaires constate que le « en même temps » macronien qui prétendait révolutionner les pratiques politiques en conjuguant les contraires dans un souci de dépassement des clivages droite / gauche se traduit dans les faits par une banale politique néolibérale : ce que le gouvernement et Emmanuel Macron prétendent donner d’une main en termes de pouvoir d’achat, ils le reprennent de l’autre par un désengagement des pouvoirs publics. Quant à la profession de foi girondine exprimée en début de quinquennat, elle est contredite par un renforcement des fonctions régaliennes de l’État et un mépris à l’égard des territoires et leurs représentants. Comment peut-on dans ces conditions faire confiance à un gouvernement qui lui-même refuse de faire confiance aux territoires ?

 

Gustave ALIROL, Président de Régions et Peuples Solidaires

 

[i] Discours de politique générale au sénat, 13/06/2019