Soutien de François Alfonsi, José Bové se déplace en Corse

Hier, lors d’une journée marathon, le député européen et le candidat insulaire EELV ont visité plusieurs exploitations agricoles dans la région ajaccienne. La tournée s’est achevée sur l’exploitation de Pierre Alessandri.

 

La journée auprès des agriculteurs locaux s’est déroulée dans une ambiance festive, sous un soleil de plomb. Vers 15 heures, alors que le convoi prend la route du Mandriolu, où se trouve l’exploitation de Pierre Alessandri, l’atmosphère devient plus pesante. Au diapason, le ciel se charge au même moment de lourds nuages.

L’agriculture productive au cœur de cette visite de campagne. Ici, avec Basile Pinzuti, maraîcher bio dans la plaine Peri
L’agriculture productive au cœur de cette visite de campagne. Ici, avec Basile Pinzuti, maraîcher bio dans la plaine Peri

François Alfonsi, candidat insulaire en neuvième position sur la liste Europe écologie les verts (EELV) conduite par Yannick Jadot, et José Bové, député européen depuis 2009 (Verts/ALE) qui ne se représente pas, se sont rendus chez cet agriculteur dont l’exploitation a été détruite par un incendie criminel, vendredi soir.

 

Le visage fermé, Pierre Alessandri, leader du syndicat Via Campagnola pour la Corse-du-Sud, adhérant de la Confédération paysanne, a pris la parole. Ses propos ne sortiront pas du Mandriolu, comme il l’a souhaité.

 

"Pratiques mafieuses"

 

José Bové, présent en Corse pour "soutenir" François Alfonsi, n’a pas manqué de s’exprimer sur l’actualité agricole, et judiciaire, de l’île. "Il existe des pratiques mafieuses et des personnes qui utilisent l'outil de la politique agricole commune (Pac) pour servir des intérêts particuliers", lance José Bové face à Pierre Alessandri.

Le procureur Éric Bouillard avait assuré, samedi, que le contexte "tendu" au sein du monde agricole insulaire était la piste privilégiée par les enquêteurs de la gendarmerie dans cette affaire.

 

Pour rappel, en novembre dernier, dans le cadre d'un contrôle Codaf portant sur l'attribution des aides agricoles européennes et visant les exploitations de la famille du directeur de la chambre d'agriculture de Corse-du-Sud, Pierre Alessandri avait été l'un des seuls à se "féliciter" de cette opération.

 

Dans ce contexte, José Bové qualifie cet homme de "lanceur d'alerte" : "Ceux qui mènent ces fraudes sont des escrocs, ils jettent le discrédit sur tous les paysans et, ceux, qui comme Pierre Alessandri sont des lanceurs d'alerte, contribuent à assainir tout cela. Il faut les protéger."

 

Au sujet de ces fraudes, justement, le député européen parle d'une "responsabilité collective" tout en pointant plus particulièrement celle de "l'administration". "En Aveyron, je ne vois pas comment on peut frauder.

 

Quand tu montes un dossier, tu dois mettre toutes tes parcelles, tu dois déclarer les animaux, faire un suivi et tenir un registre", argumente-t-il.

 

Le candidat européen, François Alfonsi, a assuré qu'il était encore temps "d'éclairer un chemin", ce qu'il compte bien faire au sein du Parlement européen, en défendant "les spécificités méditerranéennes".

 

Les deux hommes préconisent de revenir sur un système "d’aides couplées".

 

"Dans son cadre précédent, la politique agricole commune n’a pas fait prospérer l’agriculture corse", reconnaissent-ils.

L’objectif sera celui-ci.

 

"On ne peut plus parler"

 

Face à Pierre Alessandri, une autre voix s’est élevée, sans doute pour tenter de faire réagir une société "complètement malade".

Nadine Nivaggioni, élue territoriale Femu a Corsica, a développé : "Le contexte politique est extrêmement préoccupant. Cela fait des années que l’on n’a pas été à ce niveau-là de tension. J’ai presque envie de dire que celles du monde agricole sont un prétexte. Le problème est plus large que cela. Aujourd’hui, on ne peut plus parler, on ne veut plus que la vérité sorte."

 

Lors de cette journée, de nombreux agriculteurs ont également pris la parole pour dire que les responsabilités se trouvaient aussi au "niveau local".