Européennes : François Alfonsi (EEV) à la rencontre des agriculteurs avec José Bové

Une journée au pas de course pour François Alfonsi, candidat à l’élection européenne sur la liste EEV. Le très médiatique député européen José Bové était venu apporter son soutien au maire d’Osani. Au programme de ce 1er Mai : plusieurs rencontres avec des agriculteurs de la région ajaccienne. L’occasion de revenir sur les thèmes de prédilections du candidat nationaliste avec notamment les ESA et l’agriculture biologique. Mais l’actualité a voulu que les fraudes aux aides agricoles et la nouvelle PAC s’invitent au débat.

 

Devant les décombres de sa distillerie entièrement ravagée par l’incendie déclenché dans la nuit de vendredi à samedi, Pierre Alessandri ne peut cacher son émotion. L’enquête en cours privilégie, selon le procureur, une réaction criminelle  liée aux positions syndicales de l’exploitant. 

©Michel Luccioni
©Michel Luccioni

En décembre dernier, le secrétaire général du syndicat agricole Via Campagnola pour la Corse-du-Sud, avait déclaré être satisfait des contrôles effectués sur l'attribution des aides agricoles européennes. Des contrôles qui avaient mis en lumière des fraudes sur les aides agricoles. 

C’est à cause de ce contexte tendu au sein du monde agricole que François Alfonsi a souhaité modifier son programme du 1er mai. En pleine campagne pour les européennes, le 9e candidat sur la liste Europe Ecologie les Verts (EEV) menée par Yannick Jadot a souhaité apporter son soutien à Pierre Alessandri. 

 

‘’Ce que nous sommes venus affirmer aujourd’hui c’est la solidarité du groupe. Mais nous devons également trouver un chemin pour sortir du marécage sociétal. Je vais essayer de siéger à la commission d’agriculture au parlement européen. C’est un endroit où l’on peut se faire l'écho d’un chemin vertueux. ‘’ 

L'objectif ? Avopir donc un représentant corse à Strasbourg pour rapprocher l’île des parlementaires en charge de la Politique Agricole Commune (PAC). Une politique en pleine modification qui prendra un nouveau tournant en 2020. 

Pour Nadine Nivaggioni, élue Femu a Corsica à l’Assemblée de Corse, soutien de François Alfonsi, la période est propice aux changements.  

 ‘’ C’est le moment. Aujourd’hui nous sommes en train de rédiger la nouvelle PAC. Le modèle que nous avons actuellement est inspiré du modèle productiviste du continent. Il n’a rien à voir avec celui que nous devons avoir en Corse. Nous devons bien réfléchir à la nouvelle politique que nous voulons. Sinon nous faisons encore fausse route pour quelques années.'’’ 

La préservation des ESA

La problématique des aides PAC c’était donc invitée Mercredi , actualité aidant, dans le débat. 

Mais sur la feuille de route tracée par la communication de François Alfonsi, d’autres thèmes figuraient à l’ordre du jour. Notamment la préservation des ESA. Un problème dont la région ajaccienne est victime depuis quelques années et qui inquiète les agriculteurs. 

Plus tôt dans la matinée, le candidat nationaliste s’est rendu à Cuttoli-Corticchiato, chez  Jean-Michel Casalta, éleveur ovins et caprins. Une exploitation de 300 bêtes qui nécessite des terrains. L’éleveur fait rapidement découvrir la vue plongeante sur la zone industrielle de Baleone et revient sur les difficultés causées par la pression foncière 

‘’ Aujourd’hui, c’est la course à l’urbanisme. Il n’y a plus que l’argent qui compte, se désole l’éleveur. Ils sont en train de miter tout le patrimoine agricole laissé par les anciens. Le foncier doit être maitrisé pour que nous puissions continuer notre activité. ’’ 

Aucun retour en arrière n’est possible selon José Bové. Les terres sont définitivement perdues. Le député européen du groupe Verts-ALE, ancien leader syndical agricole de la confédération paysanne, assure qu'il n'y a pas d’avenir sans paysans. D’ou l’intérêt de lutter contre l’urbanisation sauvage. Un triste constat qui n’échappe pas à François Alfonsi.  

  

‘’La Corse a été dotée avec le PADDUC d’un outil où l’objectif était de maintenir les espaces stratégiques agricoles. Un cadre favorable à la préservation des espaces qui sont sacrifiés depuis 30 ans à l’expansion urbaine et aux zones industrielles. Un outil aujourd’hui menacé et que nous devons préserver absolument. Quand on est sous la pression de l’urbanisation comme à Ajaccio, il faut absolument garantir les exploitations agricoles sur le long terme et éviter que les espaces cultivables disparaissent de plus en plus.’’ 

Une problématique d’espace à laquelle Basile Pinzuti, maraîcher bio de la plaine de Peri entend répondre par la pratique de la permaculture. Il assure ne plus vouloir se laisser ''berner'' par la technologie et la mécanisation imposée.  

 '' Il faut travailler à un nouveau modèle. Ici j’ai très peu de surfaces, mais j’ai une grosse productivité par m2. L’enjeu du siècle est d’être productif avec de moins en moins de surface.'' 

 Une technique que connait José Bové qui assure que les gains de productivité sont plus importants en agriculture biologique que sur un système traditionnel. 

 Une politique que défendra François Alfonsi s'il accède aux résponsabilités européennes.   

 

''Le maraichage a besoin de terres riches pour pouvoir s’exprimer. Sur ces terrains, il doit y avoir des pratiques qui donnent des produits valorisables. Des produits bio, sains en accord avec  la nature qui est encore préservée en Corse. Cette agriculture là doit être aidée par les politiques européennes. ''