La France à l’école du nationalisme

Unser Land s’élève contre le projet de rendre obligatoire la présence du drapeau tricolore, du drapeau européen et des paroles de la Marseillaise dans les salles de classe. Pour le parti autonomiste alsacien, l’Éducation nationale ferait bien mieux d’aider à sauvegarder les identités régionales, notamment l’identité alsacienne !

 

Ils flottaient déjà sur les collèges et les lycées. Soit. Les drapeaux français et européens seront bientôt obligatoires dans toutes les salles de classe du premier et du second degré, en vertu d’un amendement du député Éric Ciotti (LR), provisoirement adopté mardi dernier, 12 février. Cette « ciottise » a toutes les chances d’être adoptée définitivement en seconde lecture ce vendredi.

Quel est l’intérêt de cette mesure ? Le drapeau français n’est-il pas déjà omniprésent dans l’espace public ? N’a-t-il pas massivement flotté lors de la dernière coupe du monde de football ? Les Gilets Jaunes ne l’ont-ils pas largement mis à l’honneur ? Non, vraiment, l’identité française n’est pas menacée ! Les enseignants ont-ils vocation à aider nos enfants à devenir des adultes autonomes et responsables qui maîtrisent plusieurs langues et connaissent leur véritable histoire ou doivent-ils fabriquer des êtres lobotomisés qui marchent au pas en récitant le roman national ?

 

S’agit-il, au fond, de répandre le drapeau européen et, par là même, de renforcer le sentiment d’appartenance à l’Union européenne ? Cela expliquerait le soutien des députés europhiles LREM à l’amendement de l’eurosceptique Ciotti. Unser Land aussi est europhile, mais fait prévaloir son attachement à l’école comme lieu d’apprentissage et non d’endoctrinement. Le parti autonomiste alsacien considère la présence des drapeaux européens et français sur les frontons des établissements comme largement suffisante.

 

Il est un drapeau, cependant, qu’on ne fait pas pavoiser : c’est le drapeau de l’Alsace ! Or, s’il y a une identité menacée que l’école pourrait aider à sauvegarder, c’est bien l’identité alsacienne. Des drapeaux « Rot un Wiss » sur les frontons des établissements scolaires alsaciens ne seraient pas moins légitimes que les drapeaux français et européens !

 

Si les questions symboliques ne doivent pas être négligées, ce sont, cependant, les questions d’enseignement qui importent le plus au parti autonomiste alsacien. Unser Land demande la généralisation de l’enseignement bilingue français allemand et des écoles maternelles et primaires immersives en alsacien. Unser Land demande aussi un enseignement de l’histoire intégrant notre histoire particulière. Cela relativiserait, par exemple, la glorification d’un Jules Ferry qui a rendu l’école obligatoire en 1882 quand l’Allemagne du 2e Reich l’avait instituée chez nous 11 ans plus tôt !

 

En somme, Unser Land réclame pour la jeunesse alsacienne une éducation qui renoue avec le fil de l’histoire de notre région pour réinscrire l’Alsace au cœur du Rhin supérieur, donc de l’Europe. Pour cela, il faut une formation aux valeurs humanistes et une politique linguistique ambitieuse, pas des drapeaux dans les salles de classe et encore moins les paroles d’un chant guerrier appelant à faire couler « un sang impur » dans les sillons.

 

Au rebut, l’amendement Ciotti !

 

Andrée Munchenbach,

Présidente d'Unser Land

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