2019, année internationale des langues autochtones…mais pas en France ?!

« Les langues sont essentielles dans les domaines de la protection des droits humains, la consolidation de la paix et du développement durable » affirme l’ONU. Cependant, « malgré leur immense valeur, les langues du monde entier continuent de disparaître à un rythme alarmant ». En effet, 96 % des langues parlées aujourd’hui sur terre, ne sont plus parlées que par 3 % de la population mondiale ; et si rien n’est fait, d’ici la fin du XXIe siècle, 95 % des langues parlées dans le monde pourraient disparaître ou être en péril. C’est pourquoi l’ONU, refusant la fatalité, a proclamé « 2019 année internationale des langues autochtones ».

 

D’après l’UNESCO, toutes les langues autochtones de France (plus communément appelées « régionales » dans l’Hexagone), qu’elles soient ultra-marines ou métropolitaines, sont menacés dans un avenir plus ou moins proche. Pour l’ONU, « cette menace est la conséquence directe du colonialisme et des pratiques coloniales ».

 

La France est un des pays qui possède l’empreinte culturelle la plus forte. Héritière d’un passé colonial, elle est un des principaux responsables de l’appauvrissement de la diversité linguistique : partout où la langue française s’est exportée, elle s’est imposée de façon hégémonique au détriment des langues autochtones. 

 

Les mesures prises par Emmanuel Macron, depuis son élection à la présidence de la République, s’inscrivent toutes dans la longue tradition glottophage française. La dernière en date est la réforme des lycées. Elle prévoit de donner aux langues dites régionales la dernière place en matière d’enseignement, c’est à dire leur abandon total. C’est une confirmation par les faits du mépris qu’Emmanuel Macron avait laissé entrevoir dans son discours sur la francophonie en 2018 ; discours dans lequel il avait alors déclaré que la France est « le seul pays de la francophonie qui ne vit qu’en français » !

 

Pour Régions et Peuples Solidaires, la défense de la diversité culturelle et des langues autochtones/territoriales, en particulier, est une priorité. Le député de Bretagne Paul Molac, rattaché politiquement à R&PS a déjà alerté le ministre en charge de l’éducation nationale sur les conséquences mortifères de la réforme du lycée. La défense des langues autochtones passe, comme l’affirme l’ONU par la « décolonisation ». Il faut donner aux pouvoirs publics locaux concernés par l’expression d’une langue autochtone les moyens d’agir financièrement et juridiquement. Prétexter que l’on peut parler une langue sans prendre de mesures financières et juridiques/politiques « revient à refuser l’intronisation d’un SMIC, en estimant qu’un ouvrier peut arriver à gagner plus sans une loi instaurant un minimum salarial. Ce n’est pas donner des droits particuliers à tel ou tel groupe mais élever le niveau de tolérance plutôt que de niveler par le bas [1] ».

 

Gustave Alirol, président de Régions et Peuples Solidaires 


[1] Thierry Kranzer, Langues régionales au bord du gouffre, Les éditions Yoran, 2015