Emmanuel Macron, le début de la fin ?

Avec la crise des gilets jaunes, Emmanuel Macron, l'homme qui avait imaginé gouverner seul, tel Jupiter sur l'Olympe, est complètement esseulé. En réalité, ce sont ses choix qui l'ont amené là où il en est aujourd'hui.

 

Un homme seul

 

 

Emmanuel Macron, c'est l'histoire d'un homme qui nomme son ''mouvement'' personnel avec un nom dont les initiales sont les mêmes que les siennes. En Marche (EM), c'est Emmanuel Macron.

 

Emmanuel Macron, c'est l'histoire d'un homme qui veut rencontrer le ''peuple'' dans une verticalité absolue. Les corps intermédiaires, que ce soit les syndicats, les patronats, les élus, les parlementaires, tous ont été niés, méprisés ou balayés selon ses besoins.

 

Emmanuel Macron, c'est l'histoire d'un homme qui a toujours imaginé le pouvoir comme un acte solitaire et qui se retrouve isolé aujourd'hui. Les ''Macron démission'' répondent à cette ultra-personnalisation du pouvoir.

 

En fait, avec la crise des gilets jaunes, Emmanuel Macron est seul et isolé. Il est seul face aux ''gilets jaunes'', seul face ''au peuple'', seul face aux oppositions, seul face à lui-même en réalité.

 

Le mépris de classe

 

Après plusieurs semaines à jouer le pourrissement, Emmanuel Macron a compris qu'il devait calmer le jeu et il a essayé de faire des annonces avec une annulation sur les taxes sur le carburant, l’élément ayant déclenché la crise des gilets jaunes. Mais au-delà du fait que le Sénat les avait déjà annulées, donc que le gouvernement auraient dû les reproposer et les députés de la majorité les revoter pour réintroduire cette mesure dans le budget 2019, cette annulation, c'est trop peu et elle arrive trop tard. Et surtout, les gilets jaunes se sentent désormais légitimes pour demander plus, encore plus, toujours plus.

 

Macron a alors essayé de remettre dans la course les corps intermédiaires (gouvernement, parlementaires élus, syndicats...) pour prioritairement se protéger et défendre les institutions qui seraient en danger. Mais les institutions ne sont pas en danger ou du moins si elles le sont ce n'est pas le problème ! Ce qui est en danger, c'est la démocratie. Et elle en danger à cause de la Vème République ! La priorité, c'est la fracture sociale et territoriale, c'est la crise sociale et environnementale, celle-ci n'ayant jamais été la priorité d'Emmanuel Macron.

 

Macron a déjà perdu et il le sait. Car soit il reste ''droit dans ses bottes'' et nul ne sait comment cela peut finir, (certes la camisole de force qu'est la Vème République, qui donne les plein-pouvoirs à un inconnu ayant reçu 24% des voix exprimées, lui permet probablement de finir le quinquennat mais il n'aura plus aucune légitimité démocratique), soit il recule sur des éléments importants, tant sur le fond (comme la justice fiscale avec la réintroduction de l'ISF, la justice sociale avec des mesures pour les ‘petites gens’, la justice territoriale avec un vrai pacte girondin) que sur la forme (fin de son mépris de classe, fin de sa posture méprisante pour les corps intermédiaires, fin de son mépris pour les gens normaux...), mais alors il se renie totalement.

 

Sortie de crise

 

En démocratie, la sortie de crise est toujours la même : rendre la parole au peuple soit directement par un scrutin soit indirectement par leurs représentants légitimes. Mais dans un tel contexte et avec de telles institutions, il est compliqué d'imaginer autre chose qu’une autre désillusion à très court terme. La violence n'est jamais la solution mais nul ne peut nier le fait que cette violence (populaire) répond à celle des institutions et la violence du corps social répond à celle de la classe (dirigeante).

 

En réalité, au-delà même de la personne d'Emmanuel Macron et de sa façon (violente) de faire de la politique qui est une caricature de la Vème République, ce sont les institutions de cette même République qui montrent leurs limites.

 

La solidité des institutions n'a d’égal que l'incroyable incapacité de celles-ci à répondre aux problèmes des citoyens. Tant qu'un homme gouvernera seul et remportera une majorité absolue avec 24% des votes exprimés, il sera impossible d'avoir une démocratie représentative et le peuple demande, violemment parfois mais à juste titre, une démocratie directe. La démocratie représentative est nécessaire, si elle est plurielle et donc proportionnelle, et elle est complémentaire de la démocratie directe qui est tout aussi utile, si elle est ascendante et donc populaire.

 

Pour l'instant, au-delà de l’injustice sociale, fiscale, territoriale et environnementale, nous n'avons ni démocratie directe, ni démocratie représentative. Nous n’avons qu'une démocratie personnelle et c'est pour cela que nous sommes dans l'impasse.

 

Roccu GAROBY