Hausse des prix du carburant : il faut accélérer la transition écologique et la décentralisation

Le prix des carburants atteint des sommets. Le 17 octobre dernier, selon le Ministère de la Transition Ecologie et Solidaire, le prix moyen TTC d’un litre de diesel en station service s’élevait à 1,52€ et à 1,55€ pour le Super Sans Plomb 95 (SP95). En un an, le prix du diesel a progressé de 23% et celui du Super Sans Plomb 95 de 15%.

Cette hausse accroît la fracture sociale et territoriale, déjà très marquée par l’organisation centralisée de la France, la métropolisation, l’étalement urbain et la division spatiale des activités par zonage. Les alternatives réelles aux transports polluants, collectifs et individuels, sont quasi-inexistantes, en particulier à la campagne. Et quand elles existent, elles sont souvent peu pratiques ou, eu égard à leur prix, prohibitives pour les précaires et les classes populaires.

La Loi de 2015 relative à la Transition Energétique pour la Croissance Verte (LTECV) qui proclamait assurer « un droit d'accès de tous les ménages à l'énergie sans coût excessif au regard de leurs ressources » n’est donc pas respectée.

 

L'envolée du prix des carburants est en partie le produit d’une fiscalité galopante. En effet, pour un particulier, plus de la moitié du prix du carburant (61,4% pour le SP95 et 58,6% pour le diesel) provient de taxes, principalement de la Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Energétiques (TICPE) et de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA). L’introduction en 2014, d’une composante carbone à la TICPE alourdit mécaniquement le porte-monnaie des consommateurs (+ 7 €/t en 2014, + 14,5 €/t en 2015, + 22 €/t en 2016, + 30,5 €/t en 2017 et jusqu’à + 100 €/tCO2 en 2030)[1] sans provoquer de réelles révolutions dans le monde des transports : la vente de voitures neuves à moteur thermique, en particulier des SUV, continue à progresser (9% d’immatriculation en plus par rapport à 2017).

Il est cependant fallacieux d’affirmer que la fiscalité est la seule source du problème. La flambée des cours du pétrole (+47% en un an) et l’affaiblissement de la valeur de l’euro par rapport au dollar [2](-2,20%) sont des causes tout aussi importantes que la pression fiscale.

 

La raréfaction des énergies fossiles et la géopolitique rendent inéluctables la hausse des prix du carburant. La solution passe donc par la sortie rapide de la dépendance au pétrole. Pour Régions et Peuples Solidaires la conversion écologique de la société est une priorité. Elle doit se construire à partir des territoires pour s’adapter au mieux aux contraintes et aux besoins des habitants. La fiscalité sur les produits polluants, et principalement ceux qui émettent des gaz à effet de serre, ne doit plus être perçue comme punitive. Elle doit, par conséquent, être orientée, clairement et de façon lisible vers la mise en place simultanée d’alternatives aux énergies polluantes. Pour y parvenir, les collectivités territoriales, et les régions en premier lieu (à condition, toute fois d'être adaptées aux territoires), dont l’efficience en matière de lutte contre les changements climatiques est reconnue,  doivent gérer en direct la fiscalité.

 

Gustave Alirol, président de R&PS

 

[1] Chiffres fournis par le Ministère de la Transition Écologique et Solidaire

[2] Le pétrole est acheté en dollar.